Mémoire (bancaire) courte

Publié le par paskov

Il est malheureux que l'opinion publique hypnotisée par les médias ait une mémoire si courte et si sélective. Peut-être que la multiplication des moyens de communication et la fréquence des nouvelles dépêches qui déferlent chaque minute sur les écrans ont par la même occasion réduit notre capacité à se remémorer ce qui s'est passé l'année dernière, le mois dernier et même la veille.

 

Ce fut un bel été (et une belle reprise) durant lequel ont eu lieu les stress tests européens qui ont fait suite aux stress tests américains. Directement commandée par les 27 lors d'un sommet européen, l'opération consistait à démontrer que les banques européennes étaient suffisamment solides. On propose un scénario "stressé" auquel la banque doit faire face ou plus concrètement, un besoin en fonds propres en cas de crise de liquidité. Le comité des régulateurs européens effectue les tests et publie tardivement son rapport le 23 juillet:

 

"Au total seules sept des 91 grandes banques européennes soumises aux tests de résistance ont été recalées [...] Concernant les tests en Europe, il s'agit de cinq banques espagnoles (Civica, Cajasur, Unnim, Espiga et Diada), une banque grecque (Atebank) et l'allemande Hypo Real Estate. Sans surprise majeure donc. Les établissements cités étaient régulièrement annoncés comme les plus fragiles. A noter qu'aucun des sept établissements n'est coté en Bourse. Parmi les banques ayant échoué aux tests, les régulateurs estiment que les besoins en fonds propres sont les plus importants pour l'établissement allemand Hypo Real Estate (HRE), qui a besoin de 1,245 milliard d'euros pour se hisser au minimum requis, et la caisse d'épargne espagnole Diada (Caixa Catalunya, Caixa Tarragona et Caixa Manresa), trop courte de 1,032 milliard." (Le figaro du 25 juillet)

 

Anglo-Irish-BankEtrangement aucune des banques irlandaises ne figurent parmi les recalées. Elles ne se retrouvent même pas dans la catégorie des établissements juste à la limite requise. Allied Irish Bank dont les pertes s'annoncent terribles figure pourtant dans le rapport. Anglo Irish Bank, le trou abyssal qui hante certainement les nuits des élus irlandais n'a quant à elle pas été testée! Quelques mois plus tard, le gouvernement irlandais annonce un déficit de 32% du PIB en 2010 et les taux d'intérêts réclamés par les marchés pour financer la dette publique explosent. En effet, les prêteurs estiment que l'Irlande ne pourra pas rembourser et craignent une restructuration de la dette voulue par les allemands.

 

L'opération des stress tests européens a été une vaine tentative de maintenir l'illusion que tout allait bien. Cette tentative est aujourd'hui complétement décrédibilisée et n'augure rien de bon pour la suite des évènements. Voyons ce que nos amis les politiciens ont à nous dire à ce sujet!

 

Some geographical and economic clarifications from politicians, officials and commentators:
1. Spain is not Greece – Elena Salgado, Spanish Finance Minister, ~February, 2010.
2. Portugal is not Greece – The Economist, 22nd April, 2010.
3. Greece is not Ireland – George Papaconstantinou, Greek Finance Minister, 8th November 2010.
4. Spain is neither Ireland nor Portugal – Elena Salgado, Spanish Finance Minister, 16th November, 2010.
5. Neither Spain nor Portugal is Ireland – Angel Gurria, secretary-general of the Organization for Economic Cooperation and Development (OECD), 18th November, 2010.
6. Ireland is not Greece Vanessa Rossi, senior research fellow in international economics at Chatham House in London, 18th November, 2010.
Glad that’s straightened out. Still to be determined: whether Belgium is Belgium.

Publié dans Actualite de la crise

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