Les 3 vérités de Standard & Poor's

Publié le par paskov

Depuis les dégradations en cascades des Etats membres de la zone euro, il est bon ton de critiquer les agences de notation, d’imaginer un complot anglo-saxon dirigé vers l’Europe pour protéger le dollar. C’est oublier un peu rapidement que tout est interconnecté. Si la zone euro s’effondre et plonge dans la dépression, les Etats-Unis et l’Angleterre exploseront la semaine suivante. Ils n’ont aucun intérêt à comploter via les agences, qui en réalité ne font que refléter l’état d’esprit des marchés, même quand elles se trompent lourdement comme dans le cas des subprimes en 2007-2008, notées AAA jusqu’au crash.

 

standard.jpgDans un contexte de crise inhabituelle, les agences ne peuvent appliquer uniquement leurs modèles mathématiques traditionnels aux dettes publiques des Etats. Les marchés s’affolent en constatant des chiffres jamais atteints dans l’Histoire récente de nos sociétés occidentales. Les Etats pourraient-ils donc faire faillite ? Pour jauger le risque qu’un Etat ne rembourse pas ses créanciers, les agences ont été forcées d’analyser la politique mise en œuvre, la volonté de faire face à une situation inédite depuis l’explosion des dépenses en 2008 pour sauver les banques et l’économie.

 

Il donc est beaucoup plus intéressant de s’intéresser à la justification que donne Standard & Poor’s qu’à la dégradation en elle-même.

 

1)      L’agence estime que la politique choisie, celle de l’austérité généralisée et de la règle d’or, ne fait qu’empirer la situation, car elle tue la croissance. l’Etat percevant moins d’impôts, les recettes se réduisent et le risque de non remboursement augmente. On touche ici à la schizophrénie du système dans son ensemble. Car les mêmes agences jugeaient quelques années plus tôt que les dépenses non contrôlées augmentaient le risque de non remboursement. On retrouve cette schizophrénie dans les discours des hommes politiques de droite ET de gauche : l’appel à la maîtrise des finances publiques couplé à une relance de la croissance. Comment concilier deux contraires ?

 

2)      L’agence constate que les mécanismes de solidarité européens sont insuffisants : le fond de sauvetage européen et le futur «mécanisme de stabilité » ont révélé une vérité amère : Les Etats européens sont fauchés et n’ont plus les moyens de se protéger. Du moins, du moment qu’ils refuseront d’aller chercher l’argent là où il se trouve… Les sommes qu’ils ont péniblement réunies ne suffiraient pas à sauver l’Italie pendant plus d’une année. Il ne manquait plus que la dégradation de la France pour que le fond de sauvetage perde à son tour son AAA et soit incapable de soutenir les pays déjà placés en soins intensifs : l’Irlande, le Portugal et bien sûr la Grèce, dont les créanciers n’arrivent pas à s’accorder depuis des mois sur une décote de 50%.

 

3)      Le bricolage de la BCE qui nous a permis de tenir pendant les fêtes de noël n’est pas non plus suffisant. En effet, la BCE a prêté en décembre des centaines de milliards à un taux de 1% aux banques afin de les inciter à acheter des obligations d’Etat et s’apprête à renouveler l’opération. L’agence estime que les banques ne répondront pas à cet appel en raison de leur fragilité persistante et des récentes tentatives d’augmenter leurs fonds propres. L’agence estime d’autre part que le risque d’un « credit crunch » (réduction du crédit pour soutenir l’économie) n’est pas à exclure. Sans doute a t-il déjà lieu en ce moment selon des analyses venues d’outre manche.

 

Chaque semaine qui passe démontre un peu plus que toute solution recherchée dans le cadre actuel est vaine.

 

L'analyse complète de S&P's est ici.

Publié dans Actualite de la crise

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