Le point de vue allemand - Jeder für sich?

Publié le par paskov

Les allemands sont-ils en train de se replier sur eux-même? La réaction "nationaliste" de l'opinion publique est en effet suivie par quasiment tous les partis politiques. Les verts, "die Linke", le SPD, la CDU-CSU et surtout le FDP, personne n'ose dire qu'il faut aider immédiatement la Grèce. Selon les responsables de tous ces partis, l'important serait d'en discuter au Parlement, de demander aux grecs des mesures de rigueur supplémentaires et d'inclure les banques privées dans le plan de sauvetage. Tant de conditions qui sont avant tout des signaux censés rassurer le peuple allemand dans le contexte des prochaines éléctions en Nordrhein-Westfalen.

 

Cette réaction est tout à fait compréhensible. Premièrement, les années de rigueur sous le gouvernement Shroeder avec la stagnation des salaires afin de rester compétitifs à l'exportation sont loin d'être oubliées. Deuxièmement, au-delà du refus de payer pour les paresseux grecs, il y a une peur profonde et un manque de confiance en la capacité des pays du sud, même à coups de milliards, de s'en sortir. Les allemands n'aiment naturellement pas s'engager sur une voie dont on ne sait où elle menera exactement. Le débat d'une éventuelle sortie de la zone euro, mécanisme proposé par Angela Merkel, n'est qu'une expression parmi tant d'autres de cette peur. Si on commence à sauver les pays du sud, jusqu'où ira t-on? Peut-on s'assurer qu'on ne le fera qu'une seule fois? Et ensuite, faudrat-il payer pour le Portugal et l'Espagne... ? 

 

Contrairement à ce qu'affirment certains journaux, les allemands ne sont pas devenus des nationalistes anti-européens en quelques mois. Ces craintes qui s'expriment sont légitimes. Le repli sur soi est comme une injection de morphine, la solution la plus rapide, celle qui rassure le peuple sans pour autant soigner l'origine du mal. De nombreux élus y sont sensibles.

 

Se replier sur son modèle n'a pourtant aucun sens aujourd'hui. L'Allemagne a desespérément besoin de pays de "paresseux" vers lesquels elle peut exporter ses marchandises. L'essentiel de son commerce extérieur se concentre d'ailleurs dans la zone euro.

 

Mais ce n'est pas qu'une question de solidarité. Ni même une question d'interêt pour tous. Il s'agit avant tout de la responsabilité de ceux qui ont voulu et mis en place la zone euro. En 1999, ce furent de belles pièces de monnaies et des billets colorés les mains de millions d'européens, mais également une étape supplementaire vers un ensemble politique et economique européen. 

 

Construire la moitié d'un pont ne sert à rien. Les Etats européens - au premier rang desquels, L'Allemagne ayant imposé la plupart des caractéristiques de l'Union monétaire et ayant fermé les yeux sur les comptes de la Grèce quand elle a accédé à la zone euro en 2001 - ont une responsabilité très lourde. La zone euro et dans sa continuation, l'Union Européenne ne peut survivre sans une politique économique commune, sans transferts publics des zones les plus riches vers les zones les plus pauvres, bref sans plus de fédéralisme.

 

Demander à un peuple d'allonger son temps du travail, de supprimer tous les postes de fonctionnaires, de repousser l'âge de la retraite, de vendre quelques îles, l'envoyer mendier au FMI et laisser les taux d'intérêt atteindre 13% ne peut être l'unique solution. Je m'étonne d'ailleurs pourquoi personne ne parle d'abord des dépenses militaires délirantes de ce pays, censées prévenir une attaque turque. Sans doute parce que les grecs sont les seuls à acheter les rafales de dassault...

 

En tout cas le choix pour les Etats européens commence à se définir très précisément: Affronter la tempête ensemble ou le chacun pour soi - Jeder für sich. Mais le temps qui, sur les marchés financiers s'écoule plus vite qu'ailleurs, risque de décider à notre place.

 

Publié dans Actualite de la crise

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P
<br /> Risque de prochain clash interne en Allemagne pour activer le plan de sauvetage. Les partis de l'opposition demandent la participation des banques privees au package. La Commission et le<br /> gouvernement disent que c'est juridiquement pas possibles... aie aie aie<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Eine Wahl sollte man immer haben. Aber realistisch betrachtet, haben nur sehr wenige eine. Nutzen wir die Chancen, die wir haben. Ich hoffe auch auf sehr baldiges Treffen!<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Genau. Ich habe nur den Eindruck niemand will eine Entscheidung treffen. Die lassen die Situation verschlimmern. Vielleicht haben wir schon keinen Wahl mehr. Jeder fuer sich!<br /> Hey, Ich hoffe wir sehen uns sehr bald.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Es war eben schon ein Grundfehler zu meinen, man könnte eine Währungsunion schaffen unter souveränen Staaten. Trotzdem hilft die Fehlersuche in der Vergangenheit nur begrenzt. Sowohl die ideelle<br /> als auch die materielle Basis der EU steht auf dem Spiel. Darüber sollten sich alle politischen Akteure aber auch wir als EU-Bürger bewußt sein.<br /> <br /> <br />
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